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Le 112e ri
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5 juillet 2005

Goubereau, le 5 juillet 1916

Le 5 juillet 1916, le caporal Camille Goubereau nous livre ses impressions sur les terribles journées qu'il vient de vivre à la Cote 304 :

" Pendant huit jours nous étions en réserve dans un secteur qu’on nous disait calme, à la gauche de la fameuse côte. Tout à coup, le secteur devient un véritable enfer : un déluge de feu s'abat sur nous, et de midi à huit heures, ce ne fut que roule­ment de tonnerre ininterrompu. Nous étions tous anéantis, inca­pables de fournir aucun effort ! C'était le prélude d'une offen­sive ennemie. Huit jours durant il en fut ainsi. Tout fut marmité : ouvrages fortifiée, emplacements de mitrailleuses, observatoires, etc. C'était un tir de destruction avec des 105, des 150, des 210, et même des 305. A la fin de ces huit jours, notre bataillon, déjà décimé la dernière fois, monta en ligne et notre compagnie fut placée en soutien de première ligne.
Jusqu'alors nous avions peu
de pertes. Le premier jour fut calme. Le lendemain soir, le bombar­dement redoubla de violence. Aux obus, vinrent s’ajouter les minen­werfer. Les Boches en envoyaient jusqu'à 5 et 6 à la fois en première ligne. Les effets de ces engins sont terribles. Tout s’anéantit sous eux, et à dix mètres le déplacement de l'air est tel qu'il peut tuer un homme. Les Boches attaquèrent notre gauche le soir, et notre compagnie dut monter en première ligne pour renforcer le bataillon. Nous y sommes arrivés à deux heures du matin tout était calme. La tranchée se trouvait comblée en mains endroits ; les petits abris étaient en partie démolis, et nombreux sont les poilus restés ense­velis dans leurs guitounes. La lumière des fusées éclairantes nous révélait des corps, des membres gisant de tous côtés. Quel specta­cle ! Toute ma vie, je m'en souviendrai. Les deux jours suivants, nous fûmes attaqués soir et matin. Les obus de 210 et 305 arrivaient en première ligne. Et nous avons tenu ! Ne pensez pas que mes sentiments se soient modifiés, j'ai toujours conscience de mon devoir et je veux le remplir jus­qu'au bout. Mais ce bombardement par obus de gros calibre est une chose qui effraye les poilus, et les boches ne les ménagent
pas..."

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