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Le 112e ri
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6 juin 2005

Un concert sur le front

Lettre parue le 6 juin 1915 dans le Petit Marseillais :

"Nous avons vu combien l'intervention de l'Italie avait soulevé de patriotiques manifestations dans les coeurs français du Midi. Conscients plus que jamais des nobles devoirs envers notre patrie, nous avons voulu nous aussi, fêter l'action de notre soeur latine, qui va concourir, à nos côtés, à faire respecter le droit et combattre la barbarie.
Quelques Marseillais du 9e bataillon du 112e ri ont eu l'heureuse idée d'organiser un concert sur le front. Je vous assure qu'ils y ont pleinement réussi.
Dans le petit village abandonné de B..., où le bataillon est en ce moment au repos, l'unique petite place de l'église s'est merveilleusement prêtée à la circonstance. Entre deux énormes tilleuls aux frais ombrages, la scène fut vite montée : deux drapeaux, un peu de verdure, quelques fleurs, formaient tout le décor. M. le maire, resté à son poste malgré les récents bombardements, occupait la place d'honneur, au milieu des officiers du bataillon. Le ténor Escudier, le baryton Reynaud, le fin diseur Quinion et le désopillant troupier Couvry, de Marseille, se sont particulièrement distingués. Nos blessés ne furent pas oubliés et une collecte faite à leur profit produisit une somme respectable.
Vers les 5  heures du soir, tandis qu'à quelques centaines de mètres tombaient les "marmites" déchirant l'air et ébranlant le sol, chacun se séparait, aux accents de la Marseillaise, clairons sonnant, tambours battant.
Les Boches l'auraient-ils entendu ? On n'en sait rien ! En tout cas, par la voix de leurs canons, ils grondaient de rage.

                                                                E. Bourg, sergent-major,
                                                           35e cie, 9e bataillon du 112e ri.
                                                                      secteur postal 112."

Cette lettre est très intéressante car elle nous montre que même les soldats à l'instruction, formés dans les 9e bataillons, étaient plus près du front qu'on ne le pense généralement !! En effet, alors qu'ils sont au repos dans un petit village abandonné, on les voit subir une volée d'obus allemands.

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